Le cinéma brésilien a beaucoup changé dans la dernière décennie. On peut réfléchir sur cette production à partir de deux perspectives. D’un côté, l’expansion des politiques publiques a permis la production d’un grand nombre d’œuvre et l’insertion de nouveaux agents producteurs, loin des axes traditionnels de la production audiovisuelle au Brésil. Cet accroissement a produit également une grande diffusion des œuvres à l’étranger, dont la France. D’un autre côté, le changement politique, social et économique a bouleversé l’espace public brésilien et, par conséquent, la réception filmique au pays et ailleurs. On peut voir donc des conséquences significatives dans les interprétations filmiques, spécialement dans un contexte de réception élargi, mondialisé, influencé par la circulation des œuvres dans différents contextes.
Cette recherche s’interroge sur l'impact de tous ces processus (production, réception, interprétation) dans les discours établis autour des œuvres du cinéma brésilien contemporain en France, de 2012 à 2018. Elle vise également à comprendre le rôle du spectateur dans la délibération des images, ainsi que sa position comme espace public. À ce propos, j’analyse la critique spécialisée, la presse et les écrits des internautes dans les forums en ligne et leurs perceptions sur cinq films brésiliens de la période étudiée, qui ont eu un grand succès de public et dans les festivals de cinéma en France.
Bien que la réception d'une œuvre a été presque toujours une question importante lors de la réflexion sur le cinéma, quelques auteurs considèrent qu’on a vécu ces dernières années une révolution du spectateur. Comme apport théorique de recherche, je m’appuie sur la sémio-pragmatique (élaborée par Roger Odin), la délibération des images (Guillaume Soulez), mais aussi dans un concept plus général de la sociologie des arts (Bruno Péquignot) et de la sociologie des publiques (Jean-Pierre Esquenazi).
À travers ce parcours, je veux établir quelques tendances interprétatives pour le cinéma brésilien contemporain en France, ainsi que discuter de ce que la réception critique de ces œuvres relève sur l’image d’un Brésil contemporain. Cette recherche est un résultat préliminaire d’une période de stage doctoral de deux semestres en France (2019-2020) à l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3.